🌸 Résumé 🌸
"Indiana, est le premier roman de George Sand qu’elle écrit entièrement seule, publié sous le pseudonyme masculin « G.Sand ». La présente édition (texte intégral), est établie à partir de la première édition qui paraît en deux volumes, Libraires J.P. Roret et H. Dupuy, à Paris le 20 mai 1832. Lu comme un pamphlet contre le mariage, Indiana (1832) lança la carrière littéraire de l’auteure. Mariée, au sortir de l’adolescence, à un vieux colonel antipathique et autoritaire, Indiana se laisse courtiser par un jeune homme, Raymon de la Ramière, qui n’est qu’un séducteur peu fiable. Tout la disposait pourtant à être sauvée par l’amour. Indiana se trouve prise dans les turpitudes de la passion, car le désir du jeune homme se révèle bientôt d’un appétit plus redoutable encore que la brutalité de son mari repu. Oppressée dans son mariage, Indiana cherche une aventure : celle-ci achèvera de l’opprimer. Faisant partie des roman féministes de George Sand, Indiana (1832), bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines, chose exceptionnelle à l’époque et qui divisa aussi bien l’opinion publique que l’élite littéraire. Ce premier roman rencontre un grand succès auprès du public et de la critique dès sa parution, et permet à George Sand d’entamer sa carrière littéraire. « Ceux qui m’ont lu sans prévention comprennent que j’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. » G Sand (préface à la réédition de 1842)." 🌸 Mon avis 🌸 Avant de commencer à donner un avis qui reste subjectif, je voulais remercier les éditions Hugo pour le service de presse. Rendons hommage à George Sand pour cette œuvre devenue intemporelle, je suis contente qu'elle soit rééditée car cela permet de faire perdurer et de faire (re)découvrir des classiques de la littérature française. Avant de donner mon avis, j'ai décidé de lire ce livre et de faire un avis complémentaire avec la bande dessinée de Catel et de Bouilhac reprenant l’œuvre de George Sand. J'ai trouvé que c'était l'occasion idéale de pouvoir les lire en même temps et de noter les différences à l’œuvre d'origine que je connais très bien. C'est donc parfait pour voir les choix des maisons d'édition, des auteur.e.s sur tous les aspects possibles. Je vous invite donc si la bande dessinée vous intéresse à venir lire la chronique dédiée à celle-ci. Fermons cette parenthèse pour nous concentrer entièrement au travail fourni par les éditions Hugo. Ma chronique sera différente de celles que je fais habituellement car il faut tenir en compte des choix de la maison d'édition car ce roman a été tellement réédité qu'il faut se démarquer sur plusieurs aspects (couverture, traduction...). Je trouve que les éditions Hugo Poche respectent bien l’œuvre de George Sand de manière générale. J'ai déjà eu l'occasion de lire d'autres classiques parus chez eux mais je suis souvent dubitative. Indiana fait partie de l’œuvre respectée, j'apprécie l'avoir redécouverte car j'ai pu découvrir des subtilités que je n'avais pas remarquées la première fois. Évoquons tout d'abord la plume de l'auteure, je pense qu'elle fait partie des auteurs incontournables à connaître quand vous avez fait des études littéraires. Je la connaissais dès le lycée avec La Mare au diable et Indiana a été ma découverte bien tardive durant ma licence de lettres par curiosité. Je regrette de ne pas l'avoir lu bien avant car George Sand mérite d'être connue. J'aurais bien voulu qu'on l'étudie en cours pour rendre hommage aux talents des autrices souvent mises de côté dans les études. Les éditions Hugo ont décidé de reprendre l'édition de 1861 à partir de Gallica BNF. Il s'agit d'une excellente édition et version donc il n'y a aucun problème de traduction ou autre. Le choix est particulièrement intéressant car cela permet d'insérer la conclusion de George Sand à son livre qu'elle avait écrite des années plus tard après avoir pris du recul, avoir fait ses propres expériences de la vie. Nous avons donc une fin bien plus joyeuse que celle de 1832. J'apprécie beaucoup la plume de l'auteure car elle est à la fois légère avec ce côté campagnard, l'ironie et incisif dans les critiques. L'auteure n'hésite pas à critiquer ses protagonistes, à les montrer dans leurs faiblesses comme leurs forces. J'ai trouvé cela très intéressant d'avoir autant de recul, de se mettre en avant avec ce "narrateur omniscient" qui relate l'histoire d'Indiana. Contrairement à ses autres romans que j'ai pu lire, je me rends compte que nous avons moins de descriptions du paysage, la campagne est bien moins mise en avant pour accentuer les émotions et les traits de chacun. Concernant la couverture, les éditions Hugo font souvent parler d'eux pour leurs couvertures bien éloignées de l’œuvre. Les couvertures sont belles mais je trouve que cela n'est pas cohérent avec le livre. Je trouve que la couverture d'Indiana est assez intéressante car elle reste assez simple, c'est moins "claquant", "coloré". En revanche, je me pose des questions concernant la femme présente car elle ne respecte pas du tout Indiana - exception si on considère qu'elle vient de l'île Bourbon - mais elle me fait davantage penser à Noun, la servante considérée comme une sœur pour Indiana. Je peux comprendre le choix car Noun va être très importante dans l'intrigue. Quant à la stratégie d'écriture, il est inutile que je m'attarde sur ce point-là car j'en ai évoqué auparavant le choix judicieux d'un point de vue omniscient. Je veux bien approfondir ce point-là en nous questionnant autour de l'identité de ce narrateur, celui qui sait tout et voit tout. Est-ce réellement George Sand ? Tout est possible car le narrateur n'hésite pas à donner son avis, à critiquer la société, à transmettre ses points de vue sur la vie d'Indiana. De plus, j'ai tendance à penser que l'auteure a utilisé sa vie et a insufflé ses émotions dans la création de son héroïne. En tout cas, le choix reste judicieux que nous ayons l'identité ou non du narrateur. Au niveau des émotions, Indiana est un tsunami d'émotions. Nous retrouvons tous les sentiments possibles et imaginables avec une grande réflexion autour de celles-ci. J'ai aimé la complexité des sentiments entre l'amour qui peut être le plus beau des sentiments comme le pire. Pour conclure, je trouve que l'éditeur a fait d'excellents choix tant dans le choix de la version, qu'une couverture - ma foi - assez intéressante. George Sand dévoile tout son talent d'auteure dans son chef-d’œuvre et on pourrait même supposer par la même occasion qu'elle se confie sur sa vie. Poursuivons la chronique en évoquant l'intrigue. Je ne vais pas trop m'étendre sur le travail de George Sand car chacun a son propre avis sur les classiques et je risque de m'étendre pendant très longtemps. Je vais donc aller plus ou moins à l'essentiel. Personnellement, j'ai beaucoup aimé l'intrigue car elle ne cesse de me surprendre même en lisant ce livre une seconde fois. Je n'avais pas remarqué tous les détails et je n'avais surtout pas remarqué l'ironie de l'auteure. Cette dernière aborde de nombreux thèmes qui lui sont chers et qui représentent bien la société du XIXe siècle. En effet, le livre regorge de thèmes aussi pertinents les uns que les autres, par exemple la société, l'amour, la condition de la femme ou encore l'être et le paraître. On remarque que la société mène un double-visage comme dans l'amour entre les apparences où il faut respecter les mœurs, suivre l'opinion publique, ne pas créer de scandales... Pourtant, derrière cela, la société autorise et encourage les hommes à maltraiter leurs épouses, à tuer tout intrus dans leurs terres... Cette ambivalence se retrouve aussi dans l'amour car on a l'amour comme un sentiment merveilleux mais il est aussi impitoyable et cruel. J'aimerais surtout insister sur la condition de la femme qui est bien représentée. En effet, Indiana est la parfaite représentante de la femme du XIXe siècle. Elle est soumise à son mari, captive de sa demeure où son mari dirige tout. Il peut la frapper, l'enfermer dans sa chambre, la punir autant que lui donner des ordres, ceci est normal. L'homme peut commettre des infidélités tandis que la femme qui commet des infidélités, est condamnée par la société sans pitié. George Sand a voulu représenter cette femme prisonnière, cette "femme objet" qui n'a pour but qu'être un trophée au mari et, par la même occasion, un esclave. Néanmoins, l'auteure va donner une dimension plus divine à son héroïne qui résiste à la tentation, qui attend la mort les bras ouverts pour s'échapper de sa cage et trouver ce qui lui manque terriblement : la liberté. Quand Raymon tentera de la séduire, elle devient active et s'impose même au joug de son mari. C'est une très belle représentation de l'importance de la liberté. Indiana est aussi une grande rêveuse, une romantique dans le sens qu'elle est la digne représentante des valeurs du courant littéraire qu'est le Romantisme. Elle aspire à vivre le grand amour avec passion, celui pour qui on est capable de tout sacrifier pour le vivre ; préférer mourir qu'une vie monotone et lassante... Indiana est donc bien le roman romantique par excellence. La dernière preuve qui prouve que cette œuvre s'inscrit dans son temps est le voyage. On peut dire que l'héroïne ne va pas s'ennuyer entre Paris, Bordeaux, sa maison de campagne "Lagny", l'île Bourbon qui rappelle l'exotisme et les origines créoles de l'héroïne, on ne s'ennuie pas une seule seconde. Le héros romantique est celui qui voyage, qui a goût à la découverte et au dépaysement. Pour conclure, nous avons une intrigue intéressante, représentative du Romantisme et des combats de George Sand sur l'émancipation de la femme, ses critiques de la société... Achevons la chronique en parlant des personnages. Nous pouvons dire que nous avons 4 protagonistes dans ce livre. Indiana est l'héroïne de ce livre à la vue du titre. Elle est âgée de 19 ans et est mariée à un vieux industriel qui a été dans l'armée. Son mari est mauvais, violent et est clairement le bourreau d'Indiana. De plus, l'héroïne est d'une nature fragile et se laisse mourir pour trouver sa liberté dans l'au-delà. J'ai aimé cette femme qui est tantôt passive, tantôt active ; tantôt faible, tantôt forte... Elle ne cesse de lutter contre la morale, de déjouer les pièges de l'amour mais sa jeunesse et sa naïveté ne font pas l'empêcher d'être dans l'illusion de l'amour. Cet amour si pur, si intense est permis grâce à sa rencontre avec Raymon de la Ramière qui est le parfait noble qui préfère séduire les femmes que se poser et faire pérenniser son titre. Il considère les conquêtes et les liaisons comme des combats où il faut absolument gagner avant de passer à autre chose. Il a un côté Valmont des Liaisons dangereuses sur ce libertinage, cette vision de la femme. On peut dire qu'il est le premier amour d'Indiana mais elle est aussi son premier adversaire car elle ne cède pas facilement aux avances. Elle résiste, des évènements causent des obstacles sans oublier les hommes qui entourent l'héroïne comme le mari ou le cousin de la jeune femme : Ralph. Ce dernier est un homme très mystérieux pour qui je me suis prise d'affection dès les premières pages malgré les nombreux défauts évoqués par George Sand. Je n'en dirais pas plus sur ce personnage important. Revenons à Raymon, il est celui qui va libérer Indiana de son cocon, nous montrer la force de caractère et de courage qu'elle possède derrière son apparence fragile et morne. Cette relation tumultueuse est très intense et intéressante car je n'ai pas cessé de me demander qui est la victime et qui est le bourreau entre Raymon et Indiana. Qui de la passion ou de la morale va gagner ? Nous avons donc des protagonistes complexes avec une Indiana passionnante, digne représentée de la femme au XIXe siècle, de la femme romantique et celle aux yeux de George Sand : celle qui s'émancipe. L'héroïne est par ailleurs entourée de trois hommes : le mari dominateur et violent, Raymon l'amant tenace qui alterne entre la passion la plus intense et la passion la plus cruelle et le cousin, Ralph, protecteur et mystérieux. L'amour prend alors plusieurs formes : l'amour par devoir, l'amour fraternel, l'amour passionnel, l'amour cruel, l'amour refoulé... Pour conclure, j'aime l’œuvre de George Sand et l'éditeur l'a parfaitement respectée avec ses différents choix. On redécouvre Indiana qui est une œuvre du XIXe siècle et qui est toujours d'actualités par ses thèmes, tels que la liberté, la société, la condition de la femme... La plume de l'auteure est insolente, incisive, légère et intense sur tous les aspects. Enfin, les protagonistes marquent dans leur psychologie. C'est l'occasion de vous pencher sur cette œuvre. #Océ 🌸 Extrait 🌸 "- Indiana, dit Ralph après une pause, le bonheur est toujours à notre portée. Il ne faut souvent qu'étendre la main pour s'en saisir. Que te manque-t-il ? Tu as une honnête aisance préférable à la richesse, un mari excellent qui t'aime de tut son cœur, et, j'ose le dire, un ami sincère et dévoué..." 🌸 Ma note 🌸 🌟🌟🌟🌟🌟/5 🌸 Lien d'achat Amazon 🌸
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